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tain qu’elles sont délicieuses, et vous êtes comme vos lettres.

Adieu, ma très-aimable belle. J’embrasse bien doucement cette belle Comtesse, de peur de lui faire mal : j’ai bien senti, je vous jure, sa fâcheuse aventure ; je souhaite plus que je ne l’espère qu’elle ne soit jamais exposée à de pareils accidents.

Le Roi dit hier qu’il partiroit le 25e[1] sans aucune remise.


1673

319. — DE MADAME DE LA FAYETTE À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 15e avril.

Madame de Northumberland me vint voir hier ; j’avois été la chercher avec Mme de Coulanges. Elle me parut une femme qui a été fort belle, mais qui n’a plus un seul trait de visage qui se soutienne, ni où il soit resté le moindre air de jeunesse ; j’en fus surprise. Elle est avec cela mal habillée, point de grâce : enfin je n’en fus point du tout éblouie. Elle me parut entendre fort bien tout ce qu’on dit, ou pour mieux dire, ce que je dis, car j’étois seule. M. de la Rochefoucauld et Mme de Thianges, qui avoient envie de la voir, ne vinrent que comme elle sortoit. Montaigu m’avoit mandé qu’elle viendroit me voir ; je lui ai fort parlé d’elle ; il ne fait aucune façon d’être embarqué à son service, et paroît très-rempli d’espérance.

M. de Chaulnes partit hier, et le comte Tott[2] aussi :

  1. 4. Le Roi partit avec la Reine le 1er mai, « pour se rendre en son armée. » (Gazette du 6 mai 1673.)
  2. Lettre 319. — 1. Voyez la note 1 de la lettre du 24 février précédent. — La Gazette du 15 juillet 1673 nous apprend que le comte