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leure de mes amies ; elle me veut toujours mener chez Mme t’Alpon[1] quand les pougies sont allumées. Le marquis de Villeroi est si amoureux, qu’on lui fait voir ce que l’on veut : jamais aveuglement n’a été pareil au sien ; tout le monde le trouve digne de pitié, et il me paroît digne d’envie ; il est plus charmé qu’il n’est charmant ; il ne compte pour rien sa fortune, mais la belle compte Caderousse[2] pour quelque chose, et puis un autre pour quelque chose encore : un, deux, trois, c’est la pure vérité[3] ; fi ! je hais les médisances.

J’embrasse Mme la comtesse de Grignan ; je voudrois bien qu’elle fût heureusement accouchée, qu’elle ne fût plus grosse, et qu’elle vînt ici désabuser de tout ce qu’on y admire.

Adieu, ma véritable amie, vos petites entrailles[4] se portent bien ; elles sont farouches, elles ont les cheveux coupés, elles sont très-bien vêtues. Mme Scarron ne paroît point ; j’en suis très-fâchée ; je n’ai rien cette année de tout ce que j’aime ; l’abbé Têtu et moi, nous sommes contraints de nous aimer. Mademoiselle a songé que vous étiez très-malade ; elle s’éveilla en pleurant : elle m’a ordonné de vous le mander.



    tiré cette dernière note d’une traduction française des lettres de Madame, où le texte est paraphrasé, mais sans que la pensée soit altérée. L’original allemand que nous nous sommes procuré depuis, dit que « son parler est affreux, » et ajoute, sans donner d’exemple : « Elle gazouille horriblement. » Voyez p. 78 de l’édition allemande de 1789.

  1. 8. Mme d Albon, sœur de l’abbé de la Trappe. Voyez la lettre du 5 janvier 1674.
  2. 9. Voyez la Notice, p. 102, et Walckenaer, tome IV, p. 219.
  3. 10. Voyez la note 5 de la lettre du 30 octobre précédent et la lettre du 20 mars suivant.
  4. 11. Marie-Blanche de Grignan, que Mme de Sévigné avait laissée à Paris.