que M. de Grignan, il seroit un très-bon évêque[1] ; ma basta[2].
Faites-moi la grâce de me mander de vos nouvelles : parlez-moi de votre santé, parlez-moi de l’amitié que vous avez pour moi ; donnez-moi la joie de voir que vous êtes persuadé que vous êtes au premier rang de tout ce qui m’est le plus cher au monde : voilà ce qui m’est nécessaire pour me consoler de votre absence, dont je sens l’amertume au travers de toute l’amour maternelle.
Suscription : Pour Monsieur d’Andilly, à Pompone.
1672
308. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
à dix heures du matin.
Quand on compte sans la Providence, ma chère fille, on court risque souvent de se mécompter[3]. J’étois toute habillée à huit heures, j’avois pris mon café, entendu la messe, tous les adieux faits, le bardot[4] chargé ; les sonnettes des mulets me faisoient souvenir qu’il falloit monter en litière ; ma chambre étoit pleine de monde, qui me prioit de ne point partir, parce que depuis plusieurs jours il pleut beaucoup, et depuis hier continuellement, et