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l’on a pour l’amour de mon gros cousin[1] se confirme. Je ne crois que médiocrement aux méchantes langues ; mais mon cousin, tout gros qu’il est, a été préféré à des tailles plus fines ; et puis, après un petit[2], un grand : pourquoi ne voulez-vous pas qu’un gros trouve sa place ? Adieu, Madame, que je hais de m’éloigner de vous !


Venez, mon cher confident[3], que je vous dise adieu. Je ne puis me consoler de ne vous avoir point vu. J’ai beau songer au chagrin que j’aurois eu de vous quitter, il n’importe ; je préférerois ce chagrin à celui de ne vous avoir point fait connoître les sentiments que j’ai pour vous. Je suis ravie du talent qu’a M. de Grignan pour la friponnerie ; ce talent est nécessaire pour représenter le vraisemblable. Adieu, mon cher Monsieur ; quand vous me promettez d’être mon confident, je me repens de n’être pas digne d’accepter une pareille offre ; mais venez vous faire refuser à Paris.


Adieu, mon amie ; adieu, Madame la Comtesse ; adieu, Monsieur de Corbinelli : je sens le plaisir de ne vous point quitter en m’éloignant ; mais je sens bien vivement le chagrin d’être assurée de ne trouver aucun de vous où je vais.

Je ne veux point oublier de vous dire que je suis si aise de l’abbaye que le Roi a donnée à M. le Coadjuteur, qu’il

  1. 8. M. de Louvois, ministre. (Note de l’édition de 1761.) — Mais voyez la note 5.
  2. 9. On appela longtemps à la cour le marquis de Villeroi le petit marquis. Voyez les Mémoires de Brienne, Paris, 1828, tome II, p. 311.
  3. 10. Corbinelli.