1672
gens qui vous ont vue depuis peu, que, comme disoit Benserade de la lune :
Et toujours fraîche et toujours blonde,
Vous vous maintenez par le monde[1].
Ce qui vous tient en cet état, c’est à mon avis le contraire de ce qui embellit les jardins. Il y faut travailler, et si l’on vous cultivoit, vous ne seriez pas si belle que vous êtes ; mais vous avez mis bon ordre à réparer les dommages que les années feront un jour à vos attraits. Vous avez fait une certaine provision d’esprit, outre celui que Dieu vous a donné, que vous n’useriez pas en un siècle. Si nous nous voyions souvent vous et moi, nous nous en porterions mieux ; car rien ne contribue tant à la santé que la joie. Ce sera quand il plaira à Jupiter, puisque Jupiter y a.
Je suis bien aise que vous ayez trouvé la petite Toulongeon à votre gré. C’est un ouvrage de mes mains, aussi bien que Mlles de Bussy ; cela soit dit sans offenser l’honneur de feu Mme d’Epinac[2].
Mes filles sont vos servantes. Elles vous aimeroient fort quand vous ne seriez pas leur tante et leur marraine ; cela ne gâte rien.
- ↑ 4. Ces vers, dont Bussy renverse l’ordre, sont tirés de la IIIe partie (2e entrée) du Balet royal de la Nuit, dansé par le Roi en 1653 :
Ô Lune, sans faire du bruit,
Vous avez bien rôdé la nuit ;
Vous vous maintenez par le monde,
Et toujours fraîche, et toujours blonde :
Mais comment vos attraits ne sont-ils point usés ?
Ce n’est pas d’aujourd’hui, Lune, que vous luisez.(Œuvres de M. de Bensserade, 1697, tome II, p. 45 et 46.)
- ↑ 5. Mère de la jeune comtesse de Toulongeon. Voyez la note 5 de la lettre 299, à laquelle celle-ci répond.