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au delà de ce que j’ai jamais vu ; enfin c’est M. de Grignan, qui compose une très-aimable femme. Elle vous adore. Je ne vous dirai pas combien je l’aime, et combien je comprends que vous devez l’aimer. Pour Monsieur son beau-frère[1], c’est un homme qui emporte le cœur : une facilité, une liberté dans l’esprit qui me convient et qui me charme. Je suis logée chez lui. Monsieur l’intendant[2] me vint prendre au sortir du bateau, lundi, avec Madame sa femme et Mme de Coulanges ; je soupai chez eux ; hier j’y dînai ; on me promène, on me montre ; je reçois mille amitiés ; j’en suis honteuse ; je ne sais ce qu’on a à me tant estimer. Je voulois partir demain ; Mme de Coulanges a voulu encore un jour, et a mis à ce prix son voyage de Grignan ; j’ai cru vous faire plaisir de conclure le marché. Je ne partirai donc que vendredi matin ; nous irons coucher à Valence[3]. J’ai de bons patrons[4] ; surtout j’ai prié qu’on ne me donnât pas les vôtres, qui sont de francs coquins[5] : on me recommande comme une princesse. Je serai samedi à une heure après midi à Robinet[6],

    Villeroi cavalerie. Un de leurs fils fut évêque de Noyon (1708-1731), puis archevêque de Lyon (1731-1740), et un autre successeur du bel abbé sur le siège de Carcassone (1722-1730). Un troisième, chevalier de Malte, périt avec son vaisseau coulé bas par les Turcs (lettre du 19 avril 1707). — Voyez les lettres des 10 et 11 octobre 1673.

  1. 2. Charles de Châteauneuf, chanoine-comte et chamarier de l’église de Saint-Jean de Lyon, frère du comte de Rochebonne. Dans l’édition de la Haye (1726), et dans celle de 1734, on lit « Monsieur son oncle, » au lieu de « Monsieur son beau-frère, » qui est dans l’édition de 1754.
  2. 3. Du Gué Bagnols, père de Mme de Coulanges.
  3. 4. À vingt-cinq lieues de Lyon et à onze de Montélimar.
  4. 5. Dans l’édition de la Haye on a omis le mot patrons, et altéré d’une façon bizarre le reste de la phrase : « J’ai de bons surtouts. J’ai prié qu’on me recommandât comme une princesse. »
  5. 6. Voyez la lettre du 4 mars 1671, tome II, p. 91 et suivantes.
  6. 7. « Le port où l’on débarque pour aller à Grignan. » (Note de