1672
Je commence un peu à respirer. Le Roi ne fait plus que voyager, et prendre la Hollande en chemin faisant. Je n’avois jamais tant pris d’intérêt à la guerre, je l’avoue ; mais la raison n’en est pas difficile à trouver.
Mon fils n’étoit pas commandé pour cette occasion. Il est guidon des gendarmes de Monsieur le Dauphin, sous M. de la Trousse : je l’aime mieux là que volontaire.
J’ai été chez M. Bailly[1] pour votre procès ; je ne l’ai pas trouvé, mais je lui ai écrit un billet fort amiable. Pour M. le président Briçonnet[2], je ne lui saurois pardonner les fautes que j’ai faites depuis trois ou quatre ans à son égard. Il a été malade, je l’ai abandonné. C’est un abîme, je suis toute pleine de torts ; je me trouve encore le bienfait après tout cela de ne lui pas souhaiter la mort. N’en parlons plus.
J’ai vu un petit mot d’italien dans votre lettre ; il me sembloit que c’étoit d’un homme qui l’apprenoit, et plût à Dieu ! Vous savez que j’ai toujours trouvé que cela manquoit à vos perfections. Apprenez-le, mon cousin, je vous en prie ; vous y trouverez du plaisir. Puisque vous trouvez que j’ai le goût bon, fiez-vous-en à moi.
Si vous n’aviez point été à Dijon occupé à voir perdre le procès du pauvre comte de Limoges[3], vous auriez été
- ↑ 2. Avocat général au grand conseil.
- ↑ 3. Guillaume Briçonnet, président au grand conseil, mort en 1674.
- ↑ 4. Charles-François de Rochecbouart, né en 1649, marquis de Bellenave (par sa mère), et appelé le comte de Limoges. Il était fils unique du marquis de Chandenier. Il servit en 1673, sous le comte d’Estrées, et écrivit à cette époque au comte de Bussy des lettres pleines d’intérêt. Il avait demandé en mariage Mlle de Bussy (celle qui devint Mme de Coligny). « Je la lui avois promise, dit Bussy dans une note (tome II, p. 248 de sa Correspondance), en cas qu’il gagnât son procès contre les créanciers de son père, qui prétendoient que le bien de sa mère étoit obligé aux dettes. Cependant ne jouissant d’aucun bien alors, et ne subsistant que par le moyen de son oncle,