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lui ferai donc point vos compliments, mais bien à mon oncle l’abbé, qui vous honore toujours, et qui vous est trop obligé de votre souvenir.
296. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Enfin, ma bonne, vous êtes à Grignan, et vous m’attendez sur votre lit. Pour moi, je suis dans l’agitation du départ, et si je voulois être tout le jour à rêver, je ne vous verrois pas sitôt ; mais je pars, et si je vous écris encore lundi, c’est le bout du monde. Soyez bien paresseuse avant que j’arrive, afin que vous n’ayez plus aucune paresse dans le corps quand j’arriverai. Il est vrai que nos humeurs sont un peu opposées ; mais il y a bien autre chose sur quoi nous sommes de même avis ; et puis, comme vous dites, nos cœurs nous répondent quasi de notre degré de parenté, et vous doivent assurer de n’avoir jamais été prise sous un chou.
J’ai été à Saint-Maur[1] faire mes adieux, sans les faire pourtant ; car sans vanité, la délicatesse de Mme de la Fayette ne peut souffrir sans émotion la perte d’une amie comme moi : je vous dis ce qu’elle dit. J’y fus avec M. de la Rochefoucauld, qui me montra la lettre que vous lui écrivez, qui est très-bien faite : il ne trouve personne qui écrive mieux que vous ; il a raison. Nous causâmes fort en chemin ; nous trouvâmes là Mme du Plessis[2], deux