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mener chez elle, et à la Trousse[1] dans trois jours, en attendant le retour de M. de la Trousse. Mlle de Méri a couché ici : nous avons été ce matin au service ; elle retourne ce soir chez elle, parce qu’elle le veut ; et me voilà prête à partir[2]. Ne m’écrivez donc plus, ma belle. Pour moi, je vous écrirai encore ; car quelque diligence que je puisse faire, je ne puis quitter encore de quelques jours, mais je ne puis plus recevoir de vos lettres ici.

Vous ne m’avez point écrit le dernier ordinaire ; vous deviez m’en avertir pour m’y préparer. Je ne vous puis dire quel chagrin cet oubli m’a donné, et de quelle longueur m’a paru cette semaine : c’est la première fois que cela vous est arrivé. J’aime encore mieux en avoir été plus touchée par n’y être pas accoutumée. J’en espère dimanche. Adieu donc, ma chère enfant.

On m’a promis une relation, je l’attends. Il me semble que le Roi continue toujours ses conquêtes. Vous ne m’avez pas dit un mot sur la mort de M. de Longueville, ni sur tout le soin que j’ai eu de vous instruire, ni sur toutes mes lettres : je parle à une sourde ou à une muette. Je vois bien qu’il faut que j’aille à Grignan : vos soins sont usés, on voit la corde. Adieu donc jusqu’au revoir. Notre abbé vous fait mille amitiés ; il est adorable du bon courage qu’il a de vouloir venir en Provence.


  1. 5. Nous avons déjà dit que la terre de la Trousse était près de Lizy-sur-Ourcq, à trois lieues de Meaux et à quatorze de Paris.
  2. 6. Tout ce passage, depuis : « je les amenai toutes deux ici, » est fort abrégé dans l’édition de 1734. On y lit seulement : « J’allai ensuite voir Mlle de la Trousse, dont la douleur fend les pierres ; elle est venue coucher ici. Nous avons été ce matin au service, et me voilà prête à partir. » — La suite, jusqu’à : « je ne puis plus recevoir » exclusivement, manque dans l’édition de 1754.