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Marseille fera faire à Saint-Germain, au conseil de la Reine[1], en l’absence du Roi et de M. de Pompone, avec M. Colbert et M. le Tellier. Je mis hier Langlade en campagne pour parler à des gens qui nous doivent instruire, et que nous voulons instruire à notre tour : il trouve que l’amitié me donne de l’esprit et des vues ; je n’exécute rien qu’avec de bons conseils. J’ai vu une lettre de vous à Sainte-Marie, dont je vous loue fort et vous remercie mille fois ; je n’ai jamais rien vu de si honnête et de si politique : vous faites mieux que moi. M. de Coulanges, M. de Guitaut m’en ont montré d’autres, dont vous êtes louable d’une autre façon.

Vous savez bien que le marquis de Villeroi a quitté Lyon et Mme de Coulanges, pour s’en aller, comme le chevalier des armes noires, dans l’armée de l’électeur de Cologne, voulant servir le Roi au moins dans l’armée de ses alliés. Il y a plusieurs avis pour savoir s’il a bien ou mal fait. Le Roi n’aime pas qu’on lui désobéisse ; peut-être aussi qu’il aimera cette ardeur martiale : le succès fera voir ce que l’on en doit juger[2]. Voilà, ma bonne, tout ce que je vous puis dire, et que je suis plus à vous qu’à moi.


Je reçois tout présentement, ma bonne, votre lettre du 27e, d’Aix et de Lambesc. Mon petit ami me fait quelquefois de ces traits-là : je passe moi-même à la poste ; il me dit qu’il n’y a rien pour moi ; c’est qu’il n’y a pas bien pris garde. N’importe, puisqu’enfin les voilà. Ma bonne, vous aurez vu comme je croyois même que vous ne m’é-

  1. 8. La Reine était régente. Voyez plus haut, p. 41.
  2. 9. L’électeur de Cologne fut, de 1650 à 1688, Maximilien-Henri de Bavière Leuchtenberg, cousin germain du duc régnant d’alors. — Le marquis eut ordre de retourner à Lyon : voyez la lettre du 24 juin.