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c’est amour, fureur, à ce qu’on dit. Il s’en défend comme d’un meurtre ; mais ses actions le trahissent ; il sent le ridicule d’être amoureux d’une personne ridicule ; il est honteux, embarrassé ; mais ce bel œil l’a charmé :

Cet œil charmant qui n’eut jamais
Son pareil en divins attraits.

Voilà ce que Guitaut n’osoit écrire ; je vous confie ce secret, et je vous conjure de le garder très-fidèlement, mais le moyen de ne point faire admirer en cette occasion la puissance de l’orviétan[1] ? J’ai vu depuis deux heures Adhémar, M. de Gordes[2], Monsieur d’Uzès : je suis en Provence. J’ai causé avec Adhémar ; il m’assure que vous m’aimez : c’est tout ce qu’il y a pour moi d’agréable dans le monde. J’admire votre humeur, votre courage, votre raison, votre conduite. Je lui ai dit :

De grâce, montrez moins à mes sens désolés
La grandeur de ma perte et ce que vous valez[3].

Nous ne finissons point sur votre chapitre.

Votre amie, Mme de Vaudemont[4], sera bientôt heu-


    de Gramont avait deux filles : « Mme de Monaco, et Henriette-Catherine de Gramont, qui épousa Alexandre de Canonville, marquis de Raffetot, après la mort duquel, arrivée en janvier 1681, elle se rendit religieuse aux filles du Saint-Sacrement à Paris, et y mourut le 25 mars 1695. » (Moréri.)

  1. 5. Voyez la lettre 155, p. 158.
  2. 6. Est-ce N*** de Simiane, marquis de Gordes, grand sénéchal de Provence, qui en 1669 (mais non plus en 1672) était chevalier d’honneur de la Reine, et qui signa, avec sa femme Marie de Sourdis, cousine du comte de Grignan, au contrat de mariage du 27 janvier 1669 ? Voyez la Notice, p. 329.
  3. 7. Vers du Polyeucte de Corneille, acte II, scène ii.
  4. 8. Voyez la note 7 de la lettre 157. — Il était question d’un traité avec le duc de Lorraine (beau-père de Mme de Vaudemont), aux termes duquel le Roi lui aurait rendu ses États à des conditions très-onéreuses. Voyez la lettre du 6 avril 1672.