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Paris. Que vous dirai-je encore ? Ma pauvre tante est accablée de mortelles douleurs : cela me fait une tristesse, et un devoir qui m’occupe.


1672

241. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Je fus sept mois sans entendre parler de Mme de Sévigné, et puis j’en reçus cette lettre.

À Paris, ce 24e janvier 1672.

Je trouve fort plaisant, mon cousin, que ce soit précisément dans la chambre de notre petite sœur de Sainte-Marie que l’envie me prenne de vous écrire[1]. Il sembleroit quasi que notre amitié fût fondée sur la sainteté de notre grand’mère. Le moyen d’en juger autrement, en voyant que tant d’autres lieux où je vous ai vu, me font moins souvenir de vous que celui-ci où je ne vous ai vu de ma vie ?

Vous avez ici une fille qui contribue à ce miracle. Elle n’est non plus sotte que si elle vous voyoit tous les jours, et elle est aussi sage que si elle ne partoit pas de Sainte-Marie. C’est une créature dont le fonds est d’un christianisme fort austère, chamarré de certains agréments de Rabutin qui lui donnent un charme extraordinaire. Je

  1. Lettre 241. — 1. La dernière lettre de Mme de Sévigné au comte de Bussy avait été écrite dans cette cellule le 17 mai 1671, c’est-à-dire huit mois auparavant, et non sept, comme le dit l’introduction de Bussy. Mme de Sévigné rappelle elle-même dans sa lettre qu’elle est restée huit mois en Bretagne, et c’est avant d’y aller qu’elle a écrit à son cousin. — Mme de Coligny avait à tort biffé janvier et écrit au-dessus déc. (décembre) : il eût fallu tout au moins faire la même correction à la réponse de Bussy (du 28 janvier).