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d’augmentation. Tant pis ! Lundi, M. d’Harouys donna un dîner à M. et à Mme de Chaulnes, à tous les magistrats et commissaires. J’y étois ; l’abbé y vint : le prétexte étoit de voir les réparations que je demande qu’on fasse à la Tour de Sévigné[1] ; on n’y regarda pas. Ce fut le plus beau repas que j’aie vu depuis que je suis au monde ; mais écoutez le malheur. Comme nous montions en carrosse pour y aller, voilà une foiblesse qui prend à M. de Chaulnes, avec le frisson : en un mot, la fièvre. Mme de Chaulnes, tout affligée, s’enferme avec lui ; et Mlle de Murinais et moi nous tenons leur place. M. d’Harouys fut tout mortifié ; tout fut triste : on ne songea qu’à malheur. Le soir la fièvre le quitta ; mais je crois qu’il l’a présentement, et c’est la tierce. Voilà comme les maux viennent ; conservez-vous : si vous étiez dans un autre état, je vous dirois de marcher ; mais je ne le dis pas. Je suis persuadée que la plupart des maux viennent d’avoir le cul sur la selle.

Pomenars vous fait dix mille compliments. Il conte qu’une femme l’autre jour à Rennes ayant ouï parler des medianoches, dit à quatre heures du soir qu’elle venoit de faire medianoche chez la première présidente ; cela est bon, ma bonne, et d’une sotte belle qui veut être à la mode.

Je crois que ma tante vous aura mandé comme elle a retiré la petite de chez la nourrice. Elle est échauffée, et ma tante la remettra bientôt en bon état ; elle ne dormoit pas assez. Enfin je suis ravie que ma tante veuille s’amuser, et Antoine, à la gouverner. Ne vous mettez en

  1. Lettre 197. — 1. Ces réparations étaient demandées aux états, parce qu’une tour qui flanquait la maison de Mme de Sévigné et lui avait donné son nom, se trouvait engagée dans les murailles de la ville.