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1671 autre sentiment[1]. Au nom de Dieu, ne vous engagez point à le soutenir ; songez que ce n’est plus la mode du bel air. Tous les gens grands et moins grands en disent autant de mal qu’ils disent de bien de vous : les compliments qu’on vous fait sont infinis. Je n’ai point encore vu Gacé ; je crois que je l’embrasserai : bon Dieu ! un homme qui vous a vue, qui vient de vous quitter, qui vous a parlé, comme cela me paroît ! J’ai été tantôt chez Ytier[2], j’avois besoin de musique ; je n’ai jamais pu m’empêcher de pleurer à une certaine sarabande que vous aimez.

Je suis fort aise que vous ayez compris la coiffure, c’est justement ce que vous aviez toujours envie de faire (ce taponnage vous est naturel, il est au bout de vos doigts) ; vous avez cent fois pensé l’inventer, vous avez bien fait de ne la point prendre à la rigueur. Je vous avois conseillé de conserver vos dents, vous le faites. C’est une chose étrange que votre serein, et la sujétion que vous avez de vous renfermer à quatre heures, au lieu de prendre l’air : quelle tristesse ! Mais il vaut mieux rapporter ici vos belles dents, que de les perdre en Provence par le serein, ou par une mode qui sera passée dans six mois. Dites à Montgobert qu’on ne tape point les cheveux, et qu’on ne tourne point les boucles à la rigueur, comme pour y mettre un ruban ; c’est une confusion qui va comme elle peut, et qui ne peut aller mal. On marque quelques boucles : le bel air est de se peigner pour contrefaire la petite tête revenante ; vous taponnerez tout cela à merveille ; cela est fait en un moment. Vos dames sont bien loin de là, avec leurs coiffures glissantes de pommades, et leurs cheveux de deux paroisses : cela est bien vieux.

  1. 3. Voyez la note 2 de la lettre 150, et la Notice, p. 59 et 60.
  2. 4. Voyez la note 3 de la lettre 142.