1671
attachée au rocher, et Tréville[1] sur un cheval ailé, qui tue le monstre. « Ah, Zésu ! matame te Grignan, l’étranze sose t’être zetée toute nue tans la mer[2]. » En voici une, à mon sens, encore plus étrange : c’est de coucher demain avec M. de Ventadour, comme fera Mlle d’Houdancourt. Je craindrois plus ce monstre que celui d’Andromède, contra il quai non val’elmo ne scudo[3].
Voilà bien des lanternes, et je ne sais rien de vous. Vous croyez que je devine ce que vous faites ; mais j’y prends trop d’intérêt, et à votre santé, et à l’état de votre esprit, pour n’en savoir que ce que je m’imagine. Les moindres circonstances sont chères de ceux qu’on aime parfaitement, autant qu’elles sont ennuyeuses des autres : nous l’avons dit mille fois, et cela est vrai. La Vauvineux vous fait cent compliments ; sa fille a été bien malade ; Mme d’Arpajon l’a été aussi : nommez-moi tout cela, à votre loisir, avec Mme de Verneuil. Voilà une lettre de M. de Condom, qu’il m’a envoyée avec un billet fort joli. Votre frère entre sous les lois de Ninon ; je doute qu’elles lui soient bonnes. Il y a des esprits à qui elles ne valent rien ; elle avoit gâté son père[4]. Il faut le recommander à Dieu : quand on est chrétienne, ou du moins qu’on le veut être, on ne peut voir ces dérèglements sans chagrin.
- ↑ 9. Henri-Joseph de Peyre, comte de Tréville (Troisville), cornette de la 1re compagnie des mousquetaires, colonel d’infanterie et gouverneur de Foix, « si célèbre au dix-septième siècle par son esprit, sa galanterie et ses perpétuels changements. » (M. Cousin, dans Mme de Sablé, p. 267.) C’est l'Arsène, dit-on, des caractères de la Bruyère. Il mourut en 1708, à l’âge de soixante-sept ans. Voyez la lettre de Noël 1671, où il est parlé de sa conversion, celle du 17 novembre 1688, et la Notice, p. 94.
- ↑ 10. Manière de prononcer de Mme de Ludres. « Elle parle d’une façon très-désagréable, dit Madame de Bavière, mettant partout des z pour des j ou des g. »
- ↑ 11. Contre lequel ni heaume ni bouclier ne peut rien.
- ↑ 12. Voyez la Notice, p. 47, et Walckenaer, tome I, p. 235.