Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 14-2.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

134 LEXIQUE DE LA LANGUE [NOI

misère, il (le fils de Foucquet) avoit la fortune du temps passé, on lui auroit dressé un temple. (V, n5.)

a0 Tristesse morne

Je ne comprends pas l’opiniâtreté et la noirceur de ses vapeurs (du chevalier de Grignan), de tenir contre tant de bonnes choses. (IX, 121.) La noirceur de l’humeur de la goutte lui rend tout indifférent (au chevalier de Grignan). (VIII, 4o8.)

L’absence jette une certaine amertume qui serre le cœur: ce sera pour ce soir la noirceur des pensées. (Gr. IV, 71.)

Elle (Mme de Marans) nous parut d’une noirceur, comme quand on a fait un pacte avec le diable, et que le jourapproche de se livrer. (Gr. III, 73.)

3° Au pluriel, pensées sombres

Je ne veux point gâter cette joie par des noirceurs et desprévoyances ingrates envers Dieu. (VII, 86.)

-40 Atrocité, méchanceté

Qu’il y a de noirceur et d’apparence d’aigreur à conserver longtemps ces sortes de haines! (Gr. VI, 59.)

5° Au pluriel, calomnies atroces

  • I1 y a bien des noirceurs dans ce que dit la Voisin. (Gr. VI, aaa.) NOIRCIR.

10 Attrister, assombrir

Vous ne sauriez croire, mon cher Monsieur, combien je suis touchée des sujets de chagrin qui ont noirci votre joie naturelle, et la gaieté et la vivacité de votre belle jeunesse. (IX, 56a.) Il me semble. que vous êtes une substance qui pensebeaucoup; que ce soit du moins d’une couleur à ne vous point noircir l’imagination. (VI, 5o5.)

a0 Exagérer en vue de diffamer

Ses scrupules (de Vévêque de Marseille), ses relâchements, ses propositions, ses oppositions en augmentant et noircissant les doses, on en feroit fort bien votre ami le scélérat. (III, 386.) NOIRCI.

La vie se passe sans noircir sans jouir d’une présence si chère je ne puis m’accoutumer à cette dureté; toutes mes pensées et toutes mes rêveries en sont noircies. (IV, aa6.)