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4 NOTICE

difficile de juger de cet esprit qui dérobait tout, et surtout de cet attrait irrésistible qui eût brûlé le monde, selon les expressions de son aïeule et de sa mère[1]. Nous apprécions mieux le côté sensé, le tour d’esprit sobre et solide, l’élégance sans étude et pleine de mesure de la grande dame, qui se retrouve jusque dans ses négligences. Évidemment d’ailleurs, ce qui nous est parvenu d’elle ne nous donne qu’une bien faible idée de sa conversation, si brillante au témoignage de ses contemporains, et du charme qu’elle répandait autour d’elle[2]2.

  1. 1.Voyez la lettre du 16 octobre 1689 (tome IX, p. 259.)
  2. 2 voici le témoignage que nous rend d’elle le chevalier de Perrin dans une note de sa seconde édition (1754) des lettres de Mme de Sévigné, témoignage que nous avons mentionné au tome VI, dans la note 5 de la page 37 : « Pauline de Grignan, née en 1674, et mariée en 16q9 au marquis de Simiane, étoit connue dès l’âge de cinq à six ans* par la beauté de son esprit autant que par les grâces de sa personne. Ses lettres étoient déjà regardées comme des pièces où le naif et le naturel se faisoient admirer* *. Elle avoit à peine trois ans, quil lui échappoit des reparties fines et plaisantes*** Elle n’en avoit que treize lorsqu’elle écrivit, par l’ordre de Mme de Grignan, une petite histoire de piété, dont le plus bel esprit auroit pu se faire honneur. Il est aisé de juger quelle fut dans la suite une personne si favorisée de la nature, et élevée sous les yeux d’une mère et d’une grand mère dont l’esprit sembloit avoir passé dans le sien. Elle excella non-seulement dans le genre épistolaire, mais encore à faire des vers de société, car elle n’enfit jamais que pour le simple amusement. En voici quelques-uns, que le hasard a conservés, et qui peuvent servir à prouver ce qu’on vient d’avancer. Elle les fit à l’occasion de son dernier voyage de Provence, où, en qualité d’héritière de tous les biens de la maison de Grignan, elle vint plaider au parlement d’Aix avec les créanciers de la succession de M. de Grignan, son père. Lorsque j’étois encor cette jeune Pauline, J’écrivois, dit-on, joliment; Et sans me piquer d’être une beauté divine, Je ne manquois pas d’agrément Les
    • La plus petite des deux éditions de 1754 donne a cinq ou six ans. »
      • Voyez les lettres du 8 novembre 1679 et du 12 janvier 1680 (tome VI, p. 79, et p. 186 et 187). -<
        • Voyez la lettre du 27octobre 1677 (tome V, p. 377).