5io NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.
blié des passages de la nature de ceux qui viennent d’être indiqués,
remit à M. de Perrin un assez grand nombre de lettres inédites, en
l’engageant à retrancher ces morceaux d’une édition qu’il enrichiroit
de lettres nouvelles. Elle espéroît sans doute que le nouveau recueil
feroit oublier celui de 1734-1737, comme ce dernier avoit effacé les
éditions de 1726; son calcul n’étoit pas dénué de justesse, puisqu’il
s’est écoulé plus d’un demi-siècle sans que personne ait fait remar-
quer cette singularité littéraire d’une seconde et d’une troisième édi-
tion plus riches en apparence que celles qui les précèdent, et que
l’on ne publie néanmoins que pour faire disparaître une partie des
premières.
Voici ce que l’on remarque en comparantl’édition de 17S4 avec
celle de 1734-1737.
Plusieurs fragments des éditions de 1726 qui avoient été rejetés
de celle de 1784, ont été replacés dans l’édition de 1754; ainsi l’a-
necdote relative à M. de S"1, qui tricha au jeu du Roi, et fut
chassé ignominieusement de la cour, se lit dans les éditions de 1726,
manque dans celle de 1734, et se retrouve dans celle de 1704- Il se-
roit curieux de connoître le nom de ce personnage on a prétendu
que c’étoit un homme qui, dans ce siècle-là, se montra peu digne de
porter un beau nom; l’éditeur s’est convaincu de l’injustice de ce
soupçon2 il a les plus fortes raisons de penser que le coupable étoit
le marquis de Cessac (Sessac).
Il importoit de faire remarquer ce retour du chevalier de Perrin
vers les éditions de 1726, parce qu’en rétablissant dans sa nouvelle
édition ce fragment et un assez grand nombre d’autres, qu’il avoit
retranchés en 1734, il a prouvé que ces éditions désavouées n’étoient
pas indignes de notre confiance il a seulement pensé que le temps
n’étoit pas encore venu de restituer tous les passages omis; mais en
agissant ainsi, il asuffisamment indiqué aux éditeurs qui viendroient
après lui la marche qu’ils dévoient suivre lorsque le temps auroit
ouvert à l’histoire une carrière plus étendue.
L’édition de 1734 se rapproche singulièrement, pour les détails du
style, des éditions de 1726, imprimées d’après des copies faites sur
les lettres originales, sous les yeux de Mme de Simiane. On voit, en
lisant attentivement ces éditions, que dans celle de 1784 les originaux
sont copiés avec assez d’exactitude; M. de Perrin s’en écarte cepen-
ï. Voyez la lettre du 18 mars 1671.
2. On verra dans la note de la page 412 du IIe volume (de l’édition de i8t8)
que la personne soupçonnée avoit perdu sa charge dès l’année 1670. {Note de
l’édition de 1818.) Le soupçon de M. Monnierqué sur le marquis de Cessac
s’est depuis changé en certitude. L’édition de la Haye le nomme en toutes
lettres.