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438 NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

« Étant allé voir M. l’abbé d’Amfreville le mois de mai dernier, j’y trouvai un manuscrit de ces lettres, qu’il avoit, me dit-il, environ depuis deux ans. Je le priai de me le prêter, et de m’en laisser prendre une copie. Il me l’accorda, sans m’imposer aucune condition et avec tant de facilité, que me trouvant à quelque temps de là à R ouen, je crus faire un présent agréable et avantageux au public de lui donner ces lettres, et je pris la résolution de les faire imprimer. Je pensois que ce manuscrit étoit beaucoup plus répandu dans le monde, plusieurs de mes amis m’ayant dit qu’ils en avoient déjà vu d’autres aussi bien que moi. Enfin, Monsieur, j’ai cru ne faire que ce qui étoit du droit des gens dans là république des lettres. Cependant j’apprends que cette édition blesse les personnes illustres qui s’intéressent par les liaisons du sang à la mémoire de Mme la marquise de Sévigné. J’en ai, je vous l’avoue, Monsieur, une véritable douleur, et je voudrois de tout mon cœur n’y avoir jamais pensé. Je vous prie de le dire à tous ceux qui vous en parleront, et de me croire très-sincèrement, etc. »

Suivent dans le Mercure dix extraits, bien choisis, des lettres de Mme de Sévigné.

Bien que l’annonce de ces deux volumes, furtivement imprimés, ne soit que du mois de mai, et n’ait paru, selon la coutume, que le mois suivant, comme le montre l’Approbation signée du 3 juin, ils avaient été publiés dès le mois de janvier. Mathieu Marais en parle au président Bouhier dans une lettre datée du 3i « Je voudrois bien avoir, lui dit-il, l’éloquence, l’élégance, la vivacité, le tour, la nouveauté de Mme de Sévigné. Avez-vous lu ses deux derniers volumes de lettres1? » Marais dit-il « ses deux derniers » en pensant à la brochure de Troyes, bu bien aux lettres insérées dès 1696 et 1697 dans les Mémoires et la correspondance de BussyPDans une lettre antérieure, du même au même, datée du i3 décembre 17a 5, nous lisons « On m’a dit hier qu’il y avoit des nouvelles lettres de Mme de Sévigné qui se vendent secrètement2. » Devons-nous conclure de là que l’édition de Rouen (1726) est postdatée; ou bien cet ore A>n’était-il encore qu’un fauxbruit, qu’une annonce d’une publication prochaine? Dans une lettre postérieure d’une quinzaine (2 janvier 1726), Marais dit, toujours au même prér. Journal et Mémoires de Mathieu Marais, publiés par M. de Lescure, orne III, p. 388.

a. Ibidem, p. 3;g.