Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ, ETC. xii

L’affaire de la capitation que vous avez eu la bonté de faire proposer aux états par une suite de la protection que vous accordez à cette province2[1], ne laissa pas de souffrir hier de grandes contradictions. Les raisonnements profonds et les intrigues de quelques esprits turbulents pensèrent faire échouer cette affaire ; mais heureusement, Monseigneur, l’ordre de l’Église a concilié tous les esprits3[2] et a été en cette occasion aussi disposé à la paix qu’il en avoit paru éloigné sur le sujet des fauteuils à la grande messe[3]. On espère que les états pourront finir

  1. 2. Sur l’impôt de la capitation établi en janvier l695, voyez M. Henri Martin, tome XIV, p. 204 et 205 ; Saint-Simon, tome 1, p. 227 et 228, et la note de M. Chéruel ; et Dangeau, tome V, p. 136 et 137. Parmi les papiers du contrôle général est une lettre de 1695 (sans date de mois ni de jour) du premier président du parlement de Rennes, de la Faluère, où il est dit que « l’abonnement de la capitation est proposé à quatorze cent mille livres sans aucune augmentation à l’avenir, si Sa Majesté l’a agréable. » -- On verra ci-après, dans la. lettre 1439 bis, p. XLIV,que Sévigné devint «un personnage nécessaire pour la capitation, » sans doute un des députés dont il est parlé dans la lettre de la Faluère que nous venons de citer : « On y ajoute quatre députés par évêché, pour y travailler sous les ordres et de la participation des commissaires principaux, c’est-à_dire commandant, premier président, premier et second commissaires. »
  2. 3. Une lettre signée « S. (Sébastien) du Guémadeuc, évêque de Saint-Malo, » et datée, comme notre lettre 1435 bis, de Vannes, le 8 novembre 1698, confirme ce que dit ici Charles de Sévigné: on y voit que c’est l’ordre du clerge qui a décidé le vote sur la capitation.
  3. 4. Dans une autre lettre du même évêque, datée du 5 novembre 1695, on lit que les évêques n’assistèrent pas à la messe solennelle « en action de grâces au ciel, est-il dit dans la lettre, de nous avoir donné un si digne gouverneur (le comte de Toulouse voyez tome X, p.253, note 1); » Ils n’y assistèrent pas, « pour éviter la honte, continue le prélat, qu’on nous vît dans l’église même sur une méchante bancelle de bois, tandis que M. le baron de Léon et Messieurs les commissaires des états avoient de grands et magnifiques fauteuils à s’asseoir. » -- Nous avons vu aussi une lettre du duc de Rohan sur cette même querelle de préséance.