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xxii LETTRES INEDITES

  • l305 bis. DE LA COMTESSE DE GRIGNAN

AU COMTE DE POMTCHARTRAIN.

A Lambesc, ce 18 novembre.

QUAND toute une province vous fait des présents pour le Roi[1], Monsieur, et des compliments sur les nouveaux bienfaits que vous en avez reçus[2], il me semble qu’une provinciale ne saurait mieux prendre son temps pour vous en témoigner sa joie. Vous ne trouverez, point mauvais, Monsieur, que je me mette dans cette foule de Provençaux, et que je vous assure avec eux que nos voeux ont précédé le choix du Roi, et qu’en vous nommant comme celui qui peut le plus dignement remplir les grandes places qui viennent de vaquer, il semble qu’il vous ait accordé à nos désirs. Voilà, Monsieur, ce que je n’aurois jamais eu la hardiesse de vous dire, si je ne m’étois regardée comme une portion de cette Provence que vous écouterez sans doute favorablement aujourd’hui. Je me servirai, s’il vous plaît, aussi de cette occasion pour vous rendre mille très-humbles grâces des intentions obligeantes que vous avez eu la bonté de témoigner pour M. de Grignan à Monsieur l’évêque de Carcassonne [3]. En attendant que nous soyons assez heu-

  1. 1 LETTRE 1305bis (revue sur l’autographe). -- 1. Mme de Grignan, comme on le voit par le commencement de sa lettre du 15 novembre 1691 (ci-après, p. XXVII), parle ici du don gratuit accordé par l’assemblée des communautés de Provence.
  2. 2. «̃ Au sortir du conseil des dépêches, dit Dangeau au 6 novembre 1690, le Roi donna à M. de Pontchartrain la place de ministre et la charge de secrétaire d’État qu’avoit M. de Seignelai, avec la marine et les pierreries. M. de Pontchartrain av it prié le Roi de ne le point charger de la marine, parce qu’il n’en a aucune connoissance; le Roi a voulu absolument qu’il s’en chargeât. Il a présentement tout ce qu’avoit M. Colbert, hormis les bâtiments. »
  3. 3. Louis-Joseph de Grignan, frère du comte.