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je ne sente vivement tout mon attachement pour vous, mon cher Monsieur mais celle-ci est bien assurément 1 des plus touchantes; et indépendamment de vous, le moyen de n’être pas charmée de voir que cet enfant n’a rien oublié, et conserve avec une reconnoissance, beaucoup au-dessus de ce que cela vaut, les petites attentions que j’ai eues pour lui dans son enfance ? j’en suis pénétrée, et je ne finirois point cet article. Je vous prie de le bien remercier de tout cela. Je ne fermerai cette lettre que quand j’aurai passé ma soirée avec lui. Je vous quitte pour le recevoir.

C’est après l’avoir vu et entretenu que j’achève cette lettre, et que je vous assure, mon cher Monsieur, que je n’ai rien vu de si aimable, de si raisonnable que ce cher enfant. J’ai voulu savoir la suite de toute sa vie, depuis que je ne l’avois vu il m’a tout conté. Il a une tendresse, une soumission, une reconnoissance pour vous qui marque un fonds excellent; il a une confiance en vous qui le rend l’homme du monde le plus tranquille sur sa destinée*. Si elle répond à ce qu’il mérite, et à mes vœux, vous n’aurez assurément l’un. et l’autre rien à désirer dans le monde. N’êtes-vous pas bien 4. Il devint intendant du Bourbonnais, puis du Dauphiné, et enfin conseiller d’État. II venait de faire son voyage d’Italie, et il écrivait de Marseille à son père, le ro juillet 1733 « Le 6 au soir, Mme de Simiane arriva chez M. de Villemont (voyez ci-dessus, p. i3r, et ciaprès, p. 209, 226 et 246). J’allai l’y voir; j’eus bien du plaisir, et il me parut qu’elle en avoit aussi beaucoup de notre entrevue. Elle partit sur-le-champ pour Belombre, sa bastide, à une lieue d’ici. Après dîner, j’allai passer la soirée et souper â Belombre. J’en rapportai une lettre pour vous, que je joins à mon paquet. Hier 9, un voyage à la Sainte-Baume (payez tome III, p. 28, note 2), où il n’est pas trop aisé d’aller et de revenir en un jour, ce que pourtant j’ai exécuté avec un jeune chevalier de Castellane, frère du gendre de Mme de Simiane. » (Note de. l’édition de 181 8.)