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prise plus agréable que celle que j’eus hier au soir, en arrivant à Marseille, d’entendre dire que Monsieur votre fils 2 y étoit; je le fis chercher partout, et j’eus le plaisir de savoir qu’il me cherchoit aussi avec empressement. La joie, les marques de souvenir et d’amitié de ce cher enfant m’attendrirent si fort, que je ne pus retenir mes larmes en l’embrassant il tient bien tout ce que son enfance nous promettoit, et je ne puis vous exprimer, mon cher Monsieur, l’extrême satisfaction que j’ai de celle que vous donne et que vous donnera un fils si aimable. Je ne le vis qu’un instant, mais j’obtins aisément de lui de me venir voir aujourd’hui à ma guinguette3. Je l’attends donc dans une heure ou deux; il se promènera dans mes bois, il soupera avec moi, et s’en retournera après souper c’est tout ce que j’ai pu obtenir d’un fils occupé de ses devoirs, et surtout de l’impatience de revoir son cher père. Dieu sait comme nous allons parler de ce papa, et boire à sa santé. Le petit garçon, Monsieur, qui étoit un petit prodige, qui dansoit si bien, qui avoit tant d’esprit, le voilà un conseiller au parlement, et sans doute dans peu un illustre magistrat. Tous ses titres ne m’ont pas empêchée et ne m’empêcheront point de bien l’embrasser, et de le bien appeler notre cher enfant. Il n’y a point d’occasion où de la Porte, seigneur de Meslay, près de Vendôme, né en 1676; il était d’une ancienne famille de Paris.

2 Pierre-Jean-François de la Porte, alors conseiller au parlement de Paris, né en 1709, et mort en 179.3 (voyez ci-après, note 4). Son fils, dont on regrette la perte encore récente, fut intendant du RousBillon et dé la Lorraine; et M. Hippolyte de la Porte, son petit-fils, qui m’a communique ce manuscrit, cultive les lettres avec succès, et s’est fait principalement connaitre par un grand nombre d’articles importants qu’il a insérés dans la Biographie universelle de M. Michaud. (Note de l’édition de 1818.)

3. La bastide de Belombre. Voyez ci-dessus, p. gt et note 7.