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celui que je voulois n’étoit point destiné dans mon premier étage. Je croyois que le rez-de-chaussée, extrêmement négligé, pouvoit s’accommoder d’un cuir doré, et je le destinois dans ce petit salon à manger, négligé comme tout le reste. Mais ne vous fâchez pas, Monsieur le Marquis. Mon Dieu, que vous êtes pétulant ! quel emportement ! Calmez-vous, venez dîner dans ce salon, et vous ne verrez que des meubles qui vous seront agréables.

Les galères reviennent et ne ramènent point le cardinal de Polignac [1], dont je suis moult contristée. Tous nos malades se portent bien. Ces pauvres galères sont toutes éparpillées. Celle qui est parvenue jusques à Civita-Vecchia reprendra les autres en passant, chacune dans le lieu où elles sont demeurées. Le Grand Prieur est à Toulon, et il est bruit qu’il ira passer la semaine sainte dévotement au Luc[2]. Les Vintimilles et les Jansons, Vellerons et autres guerroient pour la succession Vins [3], et ne sont pas doux dans leurs allures. Savez-vous que le duc d’Uzès a gagné son procès contre l’évêque[4]? ?

Les spéculatifs de l’armement d’Espagne prétendent

  1. 2. Le cardinal de Polignac (voyez tome VII p. 348, note 5) était depuis 1724 chargé des affaires de France à Rome : il n’en revint définitivement, d’après Mo… qu’au mois de juillet 1733.
  2. 3. Le Luc, aujourd’hui chef-lieu de canton de l’arrondissement de Draguignan (Var). Le xxx -du Luc, chevalier des ordres du Roi, y avait un château, où Carlos avait séjourné trois jours.
  3. 4. Voyez ci-dessus, p. 108, note 6.
  4. 5. Par suite d’un échange fait avec le Roi en 1721, le duc d’Uzès était devenu seigneur de toute la ville d’Uzès, à la réserve d’une portion qui appartenait à l’évêque, et par arrêt du parlement de Paris obtenu l’année précédente (1720), il avait fait quitter à l’évêque le titre de comte et l’avait réduit à celui de coseigneur d’Uzès. Le chapitre, qui s’intitulait aussi seigneur d’une partie de la ville, avait été sécularisé en 1726. Il y avait donc entre le duc et l’évêque ample matière à procès. Sur le duc, voyez tome X, p. 34O, note 8 ; l’évêque, d’avril 1729 à septembre 1736, fut François de Lastic de Saint-Jal.