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êtes pas là, mais si vous y venez jamais, nous en parlerons dans nos lettres. Vous n’aurez qu’à m’avertir. J’ai été charmée de la chanson ; cette peinture est admirable et vraie. J’ai le triste avantage de pouvoir juger de la vieille et de la nouvelle cour et de les comparer. Celle-ci a la politesse de ne pas exciter de grands regrets d’avoir vu l’autre. On dit que c’est un ennui parfait.

J’ai reçu des lettres d’Italie qui ne sont pas chargées d’admiration ni d’applaudissements de don Carlos. C’est un fier enfant, et cela fait deux défauts haïssables. Il n’a pas fait cas de sa famille maternelle [1] ; on lui a laissé la place vide. Avez-vous lu les deux centuries de Nostradamus[2]? Elles sont claires comme le jour.

Vos plaisirs sont plus tranquilles que les nôtres, mon cher Marquis. Vous dormez au moins, et ici on ne sait ce que c’est que le sommeil. La belle Château[3] porte ses grâces autour du lansquenet ; je n’ai pas vu si elle les rapportoit dans leur entier à sept heures du matin. Mais le dévot la Rouyère[4] qui joue, qui balle, qui veille, qu’en dites-vous ? Je l’attends pour le féliciter de sa douçe façon

  1. 5. Le grand-oncle maternel dont héritait don Carlos, Antoine Farnèse, duc de Parme et Plaisance, avait laissé une veuve, Henriette d’Este, qui avait pour frère le prince héréditaire de Modène (le mari de Mademoiselle de Valois) et pour tante maternelle l’Impératrice veuve de Joseph 1er (une Brunswick Hanovre : voyez tome VI p. 190, note 31). Il restait en outre une plus ancienne douairière de Parme, la princesse Sophie (une Bavière Palatine), successivement veuve des deux autres grands-oncles de don Carlos, et qui en qualité de tutrice de don Carlos reçut en son nom le serment de fidélité.
  2. 6. Sur don Carlos: voyez ci-après, p. 109.
  3. 7. Sans doute, comme dans la lettre 47, Mme de Châteaurenard : :voyez ci-dessus, p. 98.
  4. 8. Une des branches de la maison de Fogasse ou Fougasse établie à Avignon portait le nom de la Rouyère.