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m’y tenir. Si au bout de tout cela vous le vouliez absolument, je vous sacrifierois des choses plus considérables ; mais si vous le voulez bien, je suivrai à la lettre ma convention, et laisserai le peintre[1] remplir sa destinée et son proverbe [2]. Vous savez, mon cher Marquis, qu’il est venu ici contre ma volonté : ainsi il ne peut pas donner cette raison pour prétexte.

A l’égard du sieur Marchand, je ne trouve rien d’agréable ni d’utile dans toutes ces propositions : le cinquante pour cent, le terme du mois de mai, la difficulté de se servir de mes glaces, tout cela me dégoûte, et je trouve ici des partis plus doux et plus attrayants parmi nos marchands. J’ai cru que le vôtre avoit toute son affaire prête, et un magasin à Avignon. Dès qu’il ne fait pas mieux que les nôtres, et même pas si bien, ce n’est pas la peine de se dépayser. Je suis bien aise à l’heure qu’il est de n’avoir pas été l’objet de son voyage. Mille bonjours, mon cher Marquis, et à Madame.

  • 5l. DE MADAME DE SIMIANE AU MARQUIS DE CAUMONT.

Là douce habitude de vous écrire et de recevoir de vos lettres me rend votre silence amer, mon cher Marquis. Je sais bien qu’il n’est pas juste de perdre votre temps,

  1. 3. S’agirait-il ici du célèbre Joseph Vernet, qui n’avait pas encore dix-huit ans, mais peignait déjà depuis longtemps, et fut envoyé cette même année 1732 à Rome, ou bien plutôt de son père Antoine, peintre aussi ? Voyez la fin de la lettre suivante, p. 104.
  2. 4 Est-ce une allusion au proverbe « gueux comme un peintre, » et Mme de Simiane veut-elle dire qu’elle ne lui donnera pas d’argent à gagner?