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couche sur le champ de bataille enfin je crois qu’il y expireroit, si on n’y mettoit ordre. Cependant (il faut tout dire) il fait de petites apparitions dans les rues voisines, et chez la femme du nommé Lange, dont je vous ai parlé. C’est là que mon valet de chambre a pénétré quelquefois ; mais la conversation avec l’ouvrier n’a pas été bien suivie, comme vous pouvez penser. Il a dit, par exemple, qu’il se moquoit de tout cela, qu’il travailleroit quand la fantaisie lui prendroit. Tant a été procédé, que la mienne tout d’un coup a été de lui faire cuver son vin dans un lieu moins joyeux que le cabaret : j’ai demandé le secours de nos pères de la patrie, et le matin à sept heures tout étoit préparé pour cette expédition. Ce projet a pénétré tout le vin d’Isnard : il en a été surpris et effrayé ; il est venu chez moi avec une déclaration par écrit, signée et contre-signée, par laquelle il se soumet à toute sorte de punitions si on le retrouve au cabaret, et s’il manque d’un instant d’être à son labeur les jours ouvriers. Ce surprenant écrit a suspendu toute voie de fait, a radouci nos esprits, et nous en attendons l’effet, car il a demandé jusqu’à dix heures. Mais comme il y a apparence que ce temps est destiné à faire ses adieux au cabaret, il y en a beaucoup qu’ils dureront jusqu’à demain. Voilà où j’en suis pour Isnard. Ceux qui travaillent avec lui gémissent, et font leur petite besogne, qui ne peut pas avancer. Ainsi, tout bien considéré, je vous réitère ma supplication, mon cher Marquis, pour m’envoyer un ouvrier d’Avignon : il m’est absolument nécessaire. Vous voyez bien que je ne puis me fier ni aux paroles ni aux écrits d’Isnard. Les dessins de ma chambre me sont bien nécessaires : Aubrespin travaille à tâtons cependant c’est le plus pressé, et j’implore M. Lainé pour les avoir le plus tôt qu’il pourra.

Il ne faut pas compter sur le commandeur de Cas-