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autour de sa chaise qu’elle ne put aborder la porte du collége.

Il me semble que voilà de très-belles nouvelles ; je les apprends en les dictant, je n’en savois pas le premier mot ; je vous remercie de ce que vous me mettez au fait : le désir de vous plaire est bon à mille choses. J’apprends un dessous de cartes au sujet d’Isnard. Il est débauché par des sculpteurs de Toulon vraisemblablement ; il a dit qu’il ne vouloit travailler chez moi que quand il lui plairoit. A toute force il me faut un ouvrier d’Avignon. On dit qu’il y a un nommé Marcoy qui travaille bien. Enfin, mon cher Marquis, ce qu’il vous plaira, pourvu qu’il en vienne un bon. Vous en voyez les conséquences actuellement il n’y a personne à ma corniche, et cela de propos délibéré. Adieu.

  • 35. -- DE MADAME DE SIMIANE AU MARQUIS DE CAUMONT.

11 mai vendredi.

IL faut convenir qu’il y a un grand ordre dans nos affaires. Le matin on vaque à ses ouvriers ; on arrange l’ouvrage du jour ; on gronde, on applaudit ; on rend compte de ce qui s’est passé la veille, puis on dine ; pendant ce temps-là, les magistrats font leur grande besogne ; on en est instruit vers le midi, et on rend son compte sur cet article avant que de fermer sa lettre : oh ! je vous assure que voilà qui est admirable.

Les façons et procédés du fameux Isnard le sont bien davantage. Écoutez, mon Marquis, car ceci est tout à fait digne d’attention. Il y a cinq jours entiers que ledit Isnard n’est sorti du cabaret ; il y mange, il y boit, il