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sur tous vos autres amis, que je soutiendrai vigoureusement et quand il en faudra dire de bonnes raisons, je ne serai pas embarrassée, sans qu’il y ait[1] même de vanité dans mon fait.

Vous avez donc perdu, Monsieur, votre Majesté étrangère[2] ? on dit qu’un courrier l’a fait partir en toute diligence : ce départ ne fait pas un grand vide dans Avignon. Toutes les nouvelles sont magnifiques la paix, l’abondance, la modification du contrôle enfin, si on nous tient tout ce qu’on nous promet, vous n’aurez plus d’avantage sur nous. Vous en avez un, pour le moment, qui excite bien mon envie vous possédez Monsieur d’Àlbi[3], c’està-dire le plus respectable et le plus aimable prélat de France. Permettez-moi, Monsieur, de l’assurer de mon respect et de le faire souvenir de notre ancienne connoissance. S’il ne falloit pas passer cette maudite Durance, je ne résisterois jamais au desir de vous aller voir tous. Nous attendons ce soir les Châteaurenard [4]. N’aurons-nous point l’honneur de vous posséder quelques jours de cet hiver ? en vérité vous nous devez cette petite marque d’amitié. Je voudrois bien que Mme la marquise de Caumont voulût m’accorder la sienne. Si elle connoissoit ma façon de penser sur les femmes en général, cela donneroit une grande valeur et un grand poids à tout ce que je pense d’elle :j’ai une grande inclination à l’aimer et à la respecter de tout mon cœur, si elle le veut bien. Je

  1. 2. Mme de Simiane et son secrétaire (p. 43, ligne 8; p. 67, fin; p. 74, ligne 20) écrivent aye.
  2. 3. Jacques-Édouard. Voyez la note 1 p. 35.
  3. 4. Armand-Pierre de la Croix de Castries, archevêque de Tours en 1719, transféré la même année au siège archiépiscopal d’Albi, mort en 1747, aumônier de la Dauphine. C’était l’oncle maternel de la marquise de Caumont.
  4. 5. Voyez ci-après, p. 40, la note 3 de la lettre du 19 juillet 1730.