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que vous avez la bonté de faire pour moi l’un et l’autre : ainsi ne vous en prenez qu’à vous, si de tous les bonheurs que vous me souhaitez celui-là m’échappe, et soyez persuadés, s’il vous plaît, que je le tiens pour un des plus considérables. Si vous vouliez bien penser de même à mon égard, vous m’épargneriez bien des soucis et la peine de faire valoir mes prières au ciel : je fournirois à tout de mon cru, et j’ai de quoi vous faire une belle destinée, si vous la faisiez dépendre de mon attachement, de mon estime et de tous mes sentiments pour vous, Monsieur, et pour cette aimable compagne. Tels qu’ils sont, je vous les présente, et pour cette nouvelle année et pour toutes celles de ma vie :veuille le ciel prolonger les vôtres à l’infini, sans maladie, sans chagrins, sans voleurs, et sans aucun des inconvénients attachés à l’humanité ! Au reste, Monsieur, vous croyez peut-être que je suis bien contente de vous? Point du tout vous m’avez plantée là, vous n’avez pas daigné vous informer si j'avois passé la Durance, si j’étais arrivée saine et sauve à Àix ; vous avez attendu le compliment de la nouvelle année pour me donner un signe de vie ; et tandis que je cheminois toute remplie, tout occupée de vous et de Mme de Caumont, que je chantois vos louanges aux échos d’alentour, et que je les fais retentir ici, vous m’oubliez tout doucement à Avignon ; cela n’est pas juste, mais voici bien pis la jalousie s’est mêlée de mes affaires. J’entends débiter des nouvelles ; on dit les tenir de vous et qu’il y a de vos lettres dans cette ville ne croyez point que je souffre patiemment que vous écriviez à d’autres qu’à moi; je pense avoir acquis tout d’un coup un droit de préférence

    Maffei, le cardinal Passionei, Métastase, le P. Fouquet, le marquis Capponi, le prince François Ragotzki, et beaucoup d’autres. 11 avait épousé en 1722 Marie-Élisabeth de Doni Beauchamp.