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mande à notre ami C***[1]. de lire le latin de mon petit conte, et de vous faire valoir mon françois.


1692

1350. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN[2].

À Paris, ce 10e décembre 1692.

Votre petit conte, mon cousin, est si modestement habillé, qu’on le peut louer sans rougir ; mais les réflexions de votre lettre nous ont fait autant de plaisir que le conte. Vos raisonnements en douze lignes, justes, solides et badins, font bien reconnoître votre heureux caractère, et nous font dire avec notre ami C…[3]que vos traductions honorent les originaux, mais qu’il n’appartiendra jamais à personne de vous traduire dignement. Il n’y a qu’à vous souhaiter, et à ma chère nièce, de jouir longues années tous deux d’une vie si douce qu’elle devroit faire envie même à ceux qui vous plaignent. N’est-il

  1. 4. Corbinelli.
  2. LETTRE 1350. — 1. Cette lettre est la dernière que nous ayons de Mme de Sévigné à Bussy (voyez la note 1 de la lettre précédente). Bussy mourut le 9 avril suivant. — À la suite de cette lettre il n’y en a plus qu’une seule dans la première édition de sa correspondance (1697) ; elle lui est adressée par Corbinelli, sous la date du 24 décembre 1692, et l’authenticité nous en paraît suspecte, comme celle des deux précédentes. Elle contient un grand éloge des mémoires et des lettres de Bussy et une invitation pressante de les faire imprimer. Voici la dernière phrase, où Mme de Sévigné est nommée : « Je ne suis pas tout seul de cet avis, Monsieur. Madame de Sévigné, M. de Vardes et bien d’autres à qui j’en ai parlé, m’ont assuré que mon cœur n’avoit point corrompu pour vous mon jugement. Fiez-vous-en à nous, et croyez que nous ne vous admirerions pas, si vous n’étiez pas admirable. »
  3. 2. Corbinelli