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1692

1349. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ[1].

À Chaseu, ce 2e décembre 1692.

Les petits contes ne vous déplaisent pas, ma chère cousine. En voicî un que Théophile[2]a écrit en latin, qui m’a paru assez bon pour être traduit et pour vous réjouir. Guéri, grâces à Dieu, de l’amour et de la fortune, je suis trop heureux de m’occuper de petites choses. Je trouve même qu’il n’y a que cela de bon pour la douceur de la vie ; car les bagatelles ne coûtent rien ni au corps ni à l’âme ; et quoique je sois persuadé par mon expérience, et surtout depuis cinq ou six ans, que l’ouvrage du salut est seul capable de contenter le cœur, il faut que j’amuse encore mon esprit. Dieu, qui m’a fait naître gai, veut bien assurément que je me réjouisse, et surtout quand ce ne sera qu’aux dépens de Larisse et de Glison[3]. Votre nièce est de mon avis. Elle et moi vous embrassons, et la belle Comtesse aussi, de tout notre cœur. Je recom-

  1. LETTRE 1349. — 1. Cette lettre et la suivante qui, comme nous l’avons dit, ne sont point dans notre manuscrit, n’ont probablement jamais été échangées entre Bussy et sa cousine. C’est sans doute un artifice de composition, comme nous en avons vu plusieurs autres, pour encadrer le petit conte, assez insignifiant, dont il y est parlé. Elles ont été imprimées pour la première fois dans les Lettres de Bussy (1697), tome II, p. 313 et p. 318.
  2. 2. Théophile de Viau, né en 1590, mort en 1626. Il fut banni en 1622 pour la publication du Parnasse satirique. C’est de lui que Boileau a parlé (satire IX, vers le milieu) :

    À Malherbe, à Racan préférer Théophile.

    — Ce conte, intitulé Larissa, se trouve à la fin de la 1re partie des Œuvres de Théophile, édition de 1662, p. 233) ; la traduction est imprimée dans les Lettres de Bussy (1697), tome II, p. 314-317, et tome VI, p. 561 et suivantes de l’édition de M. Lalanne.

  3. 3. Personnages du conte de Théophile.