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1692 cousine ; si le plaisir de vous voir me fera changer de dessein : j’en meurs d’envie, j’ai mille choses à vous dire et à vous montrer. En attendant, je vous dirai que je viens de faire une version du cantique de Pâques, O filii et fîliœ, car je ne suis pas toujours profane. Vivonne, le comte de Guiche, Manicamp et moi fîmes autrefois des alleluia à Roissy[1]·qui ne furent pas aussi approuvés que le seroient ceux-ci ; aussi nous firent-ils chasser tous quatre. Je dois cette réparation pour mes amis et pour moi à Dieu et au monde.

Ce n’est pas la mort de M. de Louvois, qui a fait rentrer dans le service Bellefonds, Choiseul et Montrevel : c’est la plus grande guerre qu’aura jamais roi de France sur les bras qui fait revenir ces gens-là et qui en mettra bien d’autres dans l’emploi, si elle dure. Vous avez raison, ma chère cousine, de dire que la scène va être bien remplie ; on me mande que l’armée de Flandre sera de cent mille hommes de pied et de cinquante mille chevaux ; le Roi la commandera en personne.

j’ai fait compliment à Monsieur le Prince sur le mariage de Mlle de Charolois ; il l’a fort bien reçu. Je ne sais qu’en gros la calomnie contre le P. Bouhours ; vous me ferez plaisir de m’en apprendre le détail.


à corbinelli.

Pour un homme que le rhume accable, Monsieur, je ne vous trouve pas trop bouché. Le P. Bouhours m’a envoyé ses Nouvelles remarques sur la langue[2] ; il me fait bien de l’honneur de citer mon autorité sur le langage.

Je crois, cette campagne de conséquence ; il y a, comme

  1. Lettre 1344 — 1. Voyez sur ces alleluia la Notice, p. 78 et 79 ; l’Histoire amoureuse des Gaulestome II, p. 419 et suivantes ; et un article de M. Bazin dans la Revue des Deux-mondes du 15 juillet 1842
  2. 2. Voyez ci-dessus, p. 78, note 9.