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1692

1344. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ ET À CORBINELLI.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre (no 1342, p. 75), j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 17e avril 1692.

à madame de sévigné.

Je reçus hier votre lettre du 12e, Madame ; je commençois à être en peine de votre santé, et quand je voulois me flatter sur cela, je pensois qu’après avoir été longtemps hors de Paris, les amis que vous y avez retrouvés ne vous laissoient pas le loisir d’écrire à vos amis de province. Pour moi, qui n’ai rien de meilleur à faire que de vous entretenir, je ne vous ferai pas attendre ma réponse. Je vous dirai donc, ma chère cousine, que je suis ravi que vous trouviez que je ne baisse point : outre qu’il y a du plaisir d’avoir de l`esprit et d`en avoir la réputation, c`est que c’est un bon signe aux vieilles gens pour la santé ; quand la tête est encore bonne, cela tire à conséquence pour le corps. que de vous entretenir, je ne vous ferai pas attendre ma réponse. Je vous dirai donc, ma chère cousine, que je suis ravi que vous trouviez que je ne baisse point : outre qu’il y a du plaisir d’avoir de l`esprit et d`en avoir la réputation, c`est que c’est un bon signe aux vieilles gens pour la santé ; quand la tête est encore bonne, cela tire à conséquence pour le corps.

Au reste, ma chère cousine, si vous souhaitez d’avoir notre approbation pour vous et pour la belle Comtesse, vous devez être contentes toutes deux. Personne au monde ne vous estime plus et ne vous aime plus tendrement que nous faisons, ma fille et moi. Vous savez que je ne suis pas flatteur ; la lettre que je viens de recevoir de vous nous plaît d’un bout à l’autre. N’allez pas croire que vos louanges nous aient aveuglés ou corrompus ; je louerois une satire contre moi, si elle étoit bien faite, et je condamnerois un panégyrique en ma faveur, s’il ne valoit rien.

J’irai cet automne à Fontainebleau et de là à Paris, quand vous seriez encore en Provence. Jugez, ma chère