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sieur l’ambassadeur demande des voitures, et nous nous en servirons avec joie.

Il y a des bruits de peste du côté de Naples qui font peur, et déjà, pour plus grande précaution, toutes les portes de Rome sont murées, hors trois ou quatre, qui sont gardées soigneusement. Enfin l’on ne peut plus sortir pour rentrer qu’avec un billet de santé. Tous les opéras et tous les divertissements du carnaval, qui avoient commencé, sont sursis jusques à nouvel ordre, et l’on parle en leur lieu de prières publiques et même d’un jubilé. Les rats mangent à la campagne tous les blés[1] : en sorte que voilà la guerre, la peste et la famine. Dieu nous conserve tous !

Je crois que M. de Chubere[2] aura reçu une lettre de son correspondant ici. Vous m’avez tant mandé que M. Durye n’étoit point, embarrassé des avances, que j’ai pris, comme vous voyez, toutes sortes de libertés. J’envoie par cette occasion une procuration au sieur Guilbert, qui m’en a demandé une nouvelle pour toucher mon chétif revenu. Cela seroit bien mal, que faute de cette procuration, qu’il me devoit demander plus tôt, M. Durye n’eût pas reçu la première somme, qu’il devoit toucher au mois de juillet.

J’apprends, Monsieur, par Mme de Coulanges, que vous vous opposez à l’achat de cette maison du Temple :

Pour moi, je conclus et j’opine
Comme fera M. de Lamoignon.

Voilà la réponse que je lui fais. Je vous recommande mes

  1. Voyez les Mémoires de Coulanges, p. 228, et l’article de la Gazette du 10 février 1691, daté de Rome le 20 janvier.
  2. Le nom de Chubere (Chubère ou Chuberé ?), et les deux suivants : Durye, Guilbert, se trouvent dejà dans la lettre de Coulanges à Lamoignon du 10 décembre précédent, tome IX, p. 602 et 603.