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1692 que je ne vous manquerai pas, quand j’irai faire ma cour à Fontamebleau.

Je n’ai fait que passer à Bussy et je n’ai point été à Autun, parce que l’évêque est à Paris ; je passe l’hiver à mon Chaseu, avec la tranquillité d’un philosophe chrétien, qui jouit de toutes les commodités de la vie. Vous êtes trop bonne de me demander pardon de m’avoir grondé de n’être pas assez heureux. Si vous tombez quelquefois, ma chère cousine, personne ne se relève plus vite ni de meilleure grâce que vous.

Ma fille de Dalet est revenue depuis six semaines d’Auvergne, où elle a fait toutes les affaires qu’elle y avoit avec son beau-frère de Langhac, c’est-à-dire qu’il l’a payée de vingt mille francs qu’il lui devoit, outre les terres de Dalet et de Malintras qu’elle a bien affermées. Son fils est ici, qui achève ses études pour entrer à ce mois de septembre à l’académie.

Je n’ai point vu les Toulongeons depuis mon retour en ce pays-ci ; ils sont à Autun et je suis à bout de mes fleurettes pour la petite dame ; mais comme il faut toujours que je m’amuse, de peur que mon esprit ne se rétrécisse (puisque rétrécir y a)[1], voici à quoi il se mit hier au large. Il y a en ce pays-ci une jeune fille de la maison de Damas[2], qui n’est pas riche, quoique héritière ; le petit comte de Dalet la trouve jolie, depuis un an, il m’a prié quelquefois de lui faire des couplets de chanson pour elle. On vient d’accorder son mariage avec le marquis de Ragni[3], qui le lendemain de la passation du

  1. 2. Voyez la lettre précédente, p. 69. — Quelques éditions antérieures à la nôtre portent : « ne rétrécisse ; » mais il y a bien : « ne se rétrécisse, » dans le manuscrit, et dans la première édition (1697).
  2. 3. Marie-Anne Damas, fille unique de Charles Damas, baron de Marcilly, et de Marie de Ganay. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 4. Anne Bernard de la Madelaine, comte de Ragni, seigneur