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1691 reux que moi. Je rends grâces à Dieu de toutes les adversités, qui m’ont fait retourner à lui, et qui en me donnant le loisir de faire pénitence, me donne[1] moyen d’achever ma vie commodément, et de soutenir le rang où il m’a mis dans le monde.

Votre nièce de Dalet est[2] à Clermont, où elle achève avec son beau-frère de Langhac les affaires qui lui restoient avec lui, qui étoient de toucher vingt mille francs qu’il lui devoit. Votre filleule[3]est à Manicamp[4], où elle bâtit. Je l’attends ici à la Saint-Martin. Le marquis de Bussy arrivera ici d’Allemagne cette semaine ; son frère l’abbé est auprès de moi. Je ferai savoir aux dames l’honneur que vous leur faites de vous en souvenir, et je finirai cette lettre par vous dire, ma chère cousine, que personne ne vous aime plus chèrement que je fais[5]

  1. 2. Donne est ainsi au singulier dans le manuscrit.
  2. 3. Une autre main a ajouté toujours, au-dessus de la ligne.
  3. 4. Mme de Mantataire
  4. 5. A onze lieues et demie de Laon, dans le département de l’Aisne.
  5. 6. Cette lettre a été biffée tout entière dans le manuscrit, et elle manque dans l’édition de 1697, où on y a substitué celle-ci, qui ne se trouve pas dans la copie autographe de Bussy, et nous parait n’être pas de lui, mais avoir été composée, peut-être par Mme de Coligny, pour remplacer la lettre supprimée,
    À Paris, ce 25e novembre 1691.

    Je vous écrivis de Fontainebleau, ma chère cousine, dès que le Roi m’eut fait la grâce de me donner une pension. Je vous mandai comme ce bienfait m’avoit surpris, ne demandant et n’espérant plus rien, et par conséquent comme il m’avoit comblé de joie, qui pourtant n’avoit point égalé celle que je sentis lorsque le Roi me fit l’honneur de me dire, quand je le remerciai, qu’il n’avoit pas voulu m’apprendre lui-même ce qu’il m’avoit donné, parce que c’étoit trop peu de chose pour moi. Mon amour-propre fut content, et je vous avoue que je sentis moins le présent, que la manière de le faire. Aujourd’hui qu’on me vient de payer par avance, je trouve que l’espèce ne sied pas mal au compliment. Enfin, ma chère cousine, je ne désire plus rien que de