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1691 Gratien[1] ; il me mande qu’il se porte fort bien à sa campagne. Il faudroit que vous vissiez comme il est fait, pour admirer qu’il se vante de se porter fort bien : nous en sommes véritablement en peine, le chevalier de Grignan et moi. L’abbé Têtu est allé faire un voyage à la campagne ; nous le soupçonnons, Mme de Chaulnes et moi, d’être allé à la Trappe. La bonne femme Mme Lavocat[2]est bien malade ; il y a aussi bien longtemps qu’elle est au monde. Je suis toute à vous, ma chère amie, et à toute votre aimable et bonne compagnie.

L’on vient de me dire que M. de la Feuillade étoit mort cette nuit[3] ; si cela est véritable, voilà un bel exemple pour se tourmenter des biens de ce monde.


1335. — DE MADAME DE LAFAYETTE À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Paris, le 26e septembre.

Venir à Paris pour l’amour de moi, ma chère amie ! la seule pensée m’en fait peur ; Dieu me garde de vous déranger ainsi ! et quoique je souhaite ardemment le

  1. Lettre 1334. — 1. Village de Seine-et-Oise, à trois lieues nord de Paris, sur l’étang de Montmorency. Catinat, frère de Croisilles, y avait. une maison de campagne.
  2. 2. On lit dans le Journal de Dangeau, au 4 octobre 1691 : « Mme Lavocat belle-mère de M. de Pompone est morte à Paris ; elle a laissé M. Lavocat, le maître des requêtes, son fils, son légataire universel. Mme de Pompone et Mme de Vins n’auront que leur légitime, »
  3. 3. « Le Roi a appris ce matin (à Fontainebleau) la mort de M. de la Feuillade ; il mourut hier au soir à Paris fort subitement et sans s’être préparé à la mort : on le croyoit même beaucoup mieux qu’il n’avoit été ces jours passés. Il ne laisse que deux enfants, qui sont M. le duc d’Aubusson, mestre de camp de cavalerie, et Mlle de la Feuillade, qui est aux petites Carmélites. (Journal de Dangeau, 19 septembre 1691.)