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1691 et des Camaldules[1], et croire que Dieu qui prend les élus où il lui plaît, leur marque aussi les voies par où il veut les faire marcher. Enfin voici un mot de Monsieur d’Aleth : Quis indicabit electos Dei[2] ?


1334. — DE MADAME DE LA FAYETTE À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, ce 19e Septembre.

Ma santé est un peu meilleure qu’elle n’a été, c’est-à-dire que j’ai un peu moins de vapeurs ; je ne connois point d’autre mal : ne vous inquiétez pas de ma santé, mes maux ne sont pas dangereux ; et quand ils le deviendroient, ce ne seroit que par une grande langueur et par un grand desséchement, ce qui n’est pas l’affaire d’un jour. Ainsi, ma belle, soyez en repos sur la vie de votre pauvre amie ; vous aurez le loisir d’être préparée à tout ce qui arrivera, si ce n’est à des accidents imprévus, à quoi sont sujettes toutes les mortelles, et moi plus qu’une autre, parce que je suis plus mortelle qu’une autre : une personne en santé me paroît un prodige. M. le chevalier de Grignan a soin de moi ; j’en ai une reconnoissance parfaite, et je l’aime de tout mon cœur. Mme la duchesse de Chaulnes me vint voir hier ; elle a mille bontés pour moi ; mon état lui fait pitié. Ma belle-fille a eu une fausse couche huit jours après être accouchée ; il y a assez de femmes à qui cela arrive ; c’est avoir été bien près d’avoir deux enfants ; sa fille se porte bien ; ils n’en auront que trop. Notre pauvre ami Croisilles est toujours à Saint--

  1. Lettre 1333.— 1. Allusion à Santenas et à Fieubet.
  2. 2. « Qui indiquera les élus de Dieu ? »