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1691 quelques exclamations. Il espère beaucoup de ce nouveau pape, quoiqu’il ne soit pas l’œuvre de ses mains. Tout notre intérêt, c’est qu’il nous donne des bulles, et que vous veniez bientôt nous revoir : il me semble que nous touchons ce jour du bout du doigt, tant le temps passe vite. Vous trouverez mon fils à Marseille au-devant de vous : il doit bien cette civilité à notre gouverneur, pour réparer de n’avoir pas été jusqu’à Rome.

J’ai bien envie de savoir comme vous aurez trouvé le retour de M. de Pompone dans le ministère ; nous en avons ici une très-sensible joie ; M. et Mme de Grignan n’en doutoient point, par un esprit tout prophétique ; pour moi, je le désirois trop pour vouloir seulement les écouter ; et quand Mme de Vins manda cette nouvelle à ma fille, j’en fus si surprise et si transportée, que je ne savois ce que j’entendois ; je compris enfin que c’étoit une vérité très-agréable pour moi et pour tout le monde ; car vous ne sauriez croire l’approbation générale de ce retour. J’ai fait mes compliments à Mme de Chaulnes et à notre ambassadeur sur le choix de M. de Beauvilliers[1] : voila encore un étrange homme dont le Roi augmente son conseil ; cela est parfait comme tout ce que fait le Roi ; il est le plus habile homme de son royaume, et travaille sans cesse, et suffit à tout ; il n’y a qu’à prier Dieu qu’il le conserve. Monsieur le Dauphin entre dans tous les conseils[2] : n’approuvez-vous pas encore cette conduite ?

  1. 4. Nous avons dit que la nomination du duc de Beauvilliers comme ministre d’État était de la même date que le retour de Pompone.
  2. 5. « Sa Majesté veut que Monseigneur le Dauphin entre dans tous les conseils ; jusqu’ici il n’étoit entré que dans les conseils des finances et des dépêches.  » (Journal de Dangeau, au 24 juillet 1691.) Le Dauphin usa peu de la faculté que le Roi lui accordait ; il refusait, dit Madame de Bavière, de se mêler d’affaires d’Etat, par crainte d’être obligé d’aller à tous les conseils secrets et de n’avoir pas assez de temps à donner à la chasse. Voyez un fragment de lettre du 23 dé-