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Je trouve mon fils[1] d’un esprit si ferme, si raisonnable et si augmenté en mérite, que je suis ravie d`avoir le loisir de le connoître à fond ; car à Paris ce ne sont que des moments, on ne sait ce qu`on voit

L’esprit de Mme de Fortia[2] est vif, et la charité n`a point encore diminué l`agrément de sa conversation. Le mot d'adieu est bon à retrancher à deux cœurs sensibles et à deux santés délicates ; je me suis donc dérobée , et à vous ce cruel moment.

L`abbé de Bussy[3] m'a fait confidence qu`il n'a point vu de dévote qu’on ait tant d'envie de revoir que vous : difficilement trouverez—vous meilleure compagnie et plus

  1. 1. Le marquis de Grignan. (Note du Mercure.)
  2. 2. D’une famille de Provence divisée en plusieurs branches. Le chef de l’une d’elles fut Paul de Fortia , gouverneur du château d’If et des îles de Marseille, d’abord chevalier de Malte, puis marié en mars 1675 avec Geneviève de Vento, fille de Marc-Antoine, seigneur de Pennes (voyez tome II, p. 212 et note 3. Il acquit en 1689 la baronnie de Peiruis, et laissa plusieurs enfants.
  3. 3. L’abbé de Bussy étoit le fils du comte de Bussy Rabutin ; il fut depuis évêque de Luçon. Il fut aussi de l’Académie françoise, et y succéda à M. de la Motte, au commencement de 1732. M. de Fontenelle répondit à son discours de réception. On peut voir l’éloge de ce prélat dans le Temple du goûtpar M. de Voltaire, tome II de ses Oeuvres, p.327, édition de 1756 (la première est de 1733) : il parle, comme MMe de Grignan, de l'agrément de sa conversation. (note du Mercure) -- Voici les vers de Voltaire (tome XII,p.347 de l'édition Beuchot) : Mais son fils, son aimable fils Dans le temple est toujours admis Lui qui sans flatter, sans médire, Toujours d'un aimable entretien Sans le croire, parle aussi bien Que son père croyait écrire.