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Il faut faire un effort pour tirer M. de Simiane d`une charge de subalterne, bonne pour y passer, et humiliante quand on y séjourne trop longtemps[1] . J'ai eu ici Mme de Simiane[2] ; elle est cent fois plus jeune que vous, mais toujours utile à sa famille par son attention habile. Elle est inquiète de ces mouvements de troupes qui présagent la guerre. Je ne sais si elle sera aussi effective qu'elle est apparente ; mais il y a bien assez de l`apparence pour effrayer.

On m'a dit que le P. le Rat[3] avoit succédé au P. Malinco ; cela fera des rates, ou des ératées, ou bien des ratières ;· la terminaison n`empêche pas que la conduite ne soit solide.

On n’obtiendra jamais ma compassion par quelque chose d`aussi désirable à mes yeux que la fécondité.

Adieu, ma fille : le soleil dore nos montagnes ; les troupeaux bondissent dans nos champs ; la joie et la vigilance animent tous les acteurs.

La jeunesse a ses peines comme les autres âges, et plus rudes à proportion de ses plaisirs ; c’est une compensation que la justice divine observe pour la consolation et humiliation de tous les mortels, afin qu`ils soient tous égaux et n’aient rien à se reprocher.

  1. 1. Voyez ci—dessus, p. 536, fin de la note 3;
  2. 2. Probablement la belle-.mère de Pauline ; son mari était mort en 1684.
  3. 3. De l’Oratoire, confesseur de Mlle de Grignan et de Mme de Sévigné la bru. (Note du Mercure.)