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Sa jeunesse surannée[1]me fait aimer votre jeunesse prématurée.

J'ai fort regretté notre sœur du Janet[2] ; mais pourquoi ? C'est une sainte et elle étoit martyre. Quoique nous n'ayons pas grand'chose à nous dire, cela ne vous dispense pas de m`instruire de ce qui vous regarde, puisque votre silence ne me dispense pas de sentir pour vous bien de l’amitié. Les circonstances de la mort subite de Monsieur[3]sont dignes de grandes réflexions mais d’ordinaire les réflexions n'agissent que sur les personnes qui en ont le moins de besoin et qui sont déjà bien disposées. Je[4]fais peu d’attention à l`espèce ; il n`y en a que de deux façons : ce qui ne se fait pas une fois se répare l'autre.

Vous avez trouvé le secret de me rendre attentive en me parlant de votre cœur et de votre amitié. J'ai pesé vos expressions ; j`' aurois cru de l'exagération, si je ne vous crovois assez exacte sur la vérité pour ne pas dire une parole qui ne serve à l'exprimer. Je suis très—toucbée de vos sentiments, et de pouvoir faire votre joie ou votre peine par la manière dont je vivrai avec vous ; je n'en saurois changer quand votre cœur fera son devoir : c'est lui qui est ma règle et qui détermine mes démonstra-

  1. 1. De la belle-mère de Mme de Simiane. (Note du Mercure.)
  2. 2. Voyez tome VI, p. 163 et 175.
  3. 3. Arrivée le 9 juin 1701 : voyez ci-dessus, p. 460, note 2.
  4. 4. Cet alinéa est précédé de ce titre dans le Mercure : A la même sur la couche d'une fille.