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1691 pourvu que je vive jusqu’en 1694, je serai élu[1] ; voilà toute mon ambition.

Quand on n’a pas ce que l’on veut,
Il faut avoir ce que l’on peut.[2]

Pendant le temps que nous avons fait notre cour au prince, qui par parenthèse a de l’esprit, après le Roi, plus que toute la maison royale, il y avoit huit ou dix bonnes tables ouvertes ; nous avions des comédies, des promenades et des concerts tous les jours. Un jour que nous dînions chez l’abbé de Fontenay[3], élu du clergé, nous nous trouvâmes, l’évêque d’Autun[4], le président de Berbisy et moi, les uns auprès des autres, nous bûmes à votre santé ; nous vous souhaitâmes fort, et dans la chaleur de nos desirs le prélat nous proposa de vous écrire, et de vous mander entre autres choses qu’il vous anathématiseroit si vous ne veniez à Bourbillv ; le président, qu’il donneroit un arrêt contre vous ; et comme ils me pressèrent de dire ce que je ferois, moi, je leur dis que je me servirois de prières, et jamais de menaces, contre vous, même en riant.

M. d’Argouges, notre intendant[5], fils du conseiller d’État, est un homme agréable, qui a fort bien fait l’honneur de la province à Monsieur le Prince ; sa femme,

  1. 5. Voyez tome IX, p. 546, note 9. — Bussy mourut le 9 avril 1693.
  2. 6. Imitation de deux vers que nous avons vus au tome I, p. 492. Ils pourraient bien être de la façon de Bussy.
  3. 7. Il y avait une abbaye de Fontenay dans les environs de Montbard. Mais l’élu du clergé est-il était-il désigné par son nom de famille ou par celui de son abbaye ?
  4. 8. L’évêque d’Autun était président-né des états de Bourgogne.
  5. 9. Florent d’Argouges, auparavant conseiller au parlement de Bretagne. Voyez l'État de la France de 1692, tome II, p. 293. Sur le conseiller d’État, son père, voyez notre tome IX, p. 140, note 5.