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sieur, combien je devois sentir vivement le triste état où je le voyois comme abandonné par le malheur de son étoile, et vous jugerez par là combien ma reconnoissance y doit être proportionnée. Quant à moi, Monsieur, je resterai toujours dans la même tristesse de situation, c’est-à-dire au milieu d’une grande province où il faut représenter, environné d`officiers de troupes de terre et de mer qu’on ne petit laisser sans subsistance : je me flatte que Vous ne désapprouverez pas que j'entre dans ce petit détail avec vous, et que vous voudrez bien m'accorder votre attention et la continuation de vos bontés. Vous aurez su, Monsieur, l'heureux événement du port de Cette[1] en Languedoc par l’extrême diligence de M. le

    charge de premier gentilhomme de la chambre de S. A. R .... Le Roi y a consenti. M. de Simiane en donne cent trente-six mille francs.» (Dangeau, au I7 juin I7I0.) Jusque-là il ne semble pas que le gendre du comte de Grignan ait eu d’autre charge que celle de lieutenant ou de sous-lieutenant des gendarmes écossais de la garde du Roi. Il avait, d’après Dangeau (tome VIII, p. 267), vendu en décembre 1701 la sous—lieutenance de ces gendarmes.

  1. 4. « Vers les Alpes et la Méditerranée .... les alliés avaient arrêté un plan assez redoutable. Le comte de Thann, avec le gros de l’armée austr0—piémontaise, descendit par le col de l’Argentière dans la vallée de Barcelonette (21 juillet). Son projet était de pousser sur Gap et de donner la main aux nouveaux convertis dauphinois, qui devaient prendre les armes et se rassembler à Die ; le Vivarais, où il y avait en quelques mouvements en 1709, devait se soulever de son côté, réveiller les Cévennes ; et les montagnards devaient descendre dans la plaine de Languedoc pour se joindre à des troupes étrangères débarquées à Cette. Alors le Languedoc et le Dauphiné insurgés uniraient leurs armes, et l’armée de Berwick serait coupée d’avec la basse Provence. Tout cela avorta. Berwick arrêta court le comte de Thann, quoique supérieur en forces, et empêcha le mouvement dauphinois d’éclater· Le Languedoc n’eut pas le temps de remuer. Deux mille Anglais, commandés par le réfugié Saissan, avaient été débarqués par une escadre anglaise à Cette, s’étaient emparés de ce port, puis d’Agde, à peu près sans résistance, et menacaient Béziers. Le duc de Noailles ('ancien comte d’Ayen : voyez ci—desus,