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1691

* 1330. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À DU PLESSIS.

À Grignan, 4e août 1691.

J’approuve tout à fait, Monsieur, la bonne résolution que vous prenez de n’être plus si longtemps sans m’écrire : il faut que vous me rendiez compte plus souvent de cette amitié que je veux que vous ayez toujours pour moi. Vous me témoignez une grande estime dans votre dernière lettre, en me consultant sur un point de conscience si difficile à décider. Quelque opinion que vous ayez de ma haute piété, qui est pourtant tout comme vous l’avez vue, je ne crois pas que je puisse vous satisfaire sans consulter un peu moi-même cette fameuse Faculté de Louvain. Mais ce que je déciderai en attendant, c’est qu’un homme est bien heureux quand une personne d’un grand mérite, comme vous me dites, trouve qu’il n’a point d’autre défaut que ce qu’on peut appeler une perfection. Cependant il y a bien des choses à dire sur ce chapitre ; j’espère que nous le pourrons traiter à loisir. En attendant, mon cher Monsieur, vous devez être bien content de toute l’estime qu’on a pour vous dans ce beau château que vous connoissez. Je vous remercie de la peine que vous avez prise d’aller chez M. Guillart[1] : c’est une suite de mille obligations que je vous ai. Je crois qu’il n’y a qu’à lui laisser entre les mains les papiers de cette affaire jusqu’à notre retour ; j’espère qu’elle ne sera jamais réveillée, pu1squ’elle ne l’a point été.

Il s’est passé de grandes choses depuis quelque temps : la mort de M. de Louvois, le retour glorieux de M. de Pompone[2], la retraite rigoureuse de M. de Fieu-

  1. Lettre 1330. — 1. Voyez le post-scriptum de la lettre du 1er mai précédent, p. 19.
  2. 2. Le 24 juillet, le Roi avait fait rentrer Pompone dans son conseil, et lui avait donné le titre de ministre d’État, en même temps