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C’est un honneur qui m’appartient, Madame , et que je disputerai toujours, même aux plus haut huppés, tout bas huppé que je sois. Vous voulez des nouvelles de Mlle de Barbesieux [1] : est-ce que vous la voulez marier avec M. le maréchal d’Uxelles[2] ? Eh bien, il vous en faut dire, Madame : la fièvre qui l'avoit prise avant-hier à trois heures après minuit, la quitta hier d'assez bonne heure, et lui a permis de passer une tranquille nuit, en sorte que le quinquina lui a été ordonné ce matin. Vous voyez bien que nous voilà par là hors de tout[3] malencontre et dans l'espérance de la voir incontinent dans le chemin de la convalescence. Mme de Louvois m’ordonne de vous faire beaucoup de compliments de sa part, et de vous bien remercier de tout l'intérêt que vous prenez en ce qui se passe à Choisy[4]. Grand nombre de ses7[5] domestiques est encore sur le grabat, mais dans un canton si reculé, que le château royal que nous habitons paroît à l’abri de toute maligne influence. Pour moi, j’y suis depuis samedi, et j'y suis venu avec cette bonne cuirasse de jeunesse et de santé qui jusques ici m’a rendu comme invulnérable. Comme le pain est fort`cher[6], je serai ici tout le plus

  1. 3. Anne-Catherine-Eléonore le Tellier Barbesieux, petite-fille de Mme de Louvois, mariée le 3 juillet 1713 à Charles-Sigismond de Montmorency-Luxembourg, duc d’Olonne, comte de Lux. Elle mourut à Page de vingt-trois ans, le 21 octobre 1716, sans laisser de postérité.
  2. 4. Le maréchal d’Uxelles mourut le I0 avril 1730, sans avoir été marié.
  3. 5. Il y a bien le masculin toutdans l'autographe.
  4. 6. Mme de Louvois, comme nous l’avons dit, avait cédé Meudon au Roi en 1695, et elle avait reçu en échange le château de Choisy, qui devait ses principaux embellissements à Mademoiselle de Montpensier.
  5. 7. Coulanges avait d’abord écrit son, au lieu de ses ; deux mots plus loin, il a corrigé sont en est.
  6. 8. L’hiver de 1709 est un des plus malheureux dont le souvenir