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Comme vous aimez à me lire, dites-vous, Madame, je ne vous ferai point d`excuses d'une aussi longue lettre. Je vous remercie de l`épitaphe de feu M. le marquis de Nangis[1], qu’il n’est pas impossible que je ne voie en place, et de la situation présente où est l'hôtel de Gramont [2], dont vous avez la bonté de me faire un récit très-fidèle. Je crains que le port de cette lettre n'effraye M. Gallois ; le papier de Rome contribuera beaucoup encore à le rendre considérable.

Je vais demain dîner à Marcigny-les-Nonains[3]. Je suis

  1. 17. Du premier mari de Mme d’Uxelles, tué au siège de Gravelines en juillet 1644 ? Ou peut-être du neveu de ce mari, mort plus recemment (en août 1690) à trente—deux ans, d’une blessure reçue à l’armée d’Allemagne : Louis-Fauste de Brichanteau, marquis de Nangis, colonel du régiment royal de la Marine, brigadier de cavalerie.
  2. 18. Le duc de Gramont (voyez tome II, p. 388, note 8, et p. 215, note 12), veuf depuis 1694, venait de contracter un second mariage, que Saint-Simon appelle énorme, monstrueux (addition au tome IX de Dangeau, p. 497), et dont Moréri n’a pas même osé faire mention. Voici ce que la marquise d’Uxelles en écrivait à l’un de ses correspondants , dans une lettre du 22 juillet 17o5, citée par les éditeurs de Dangeau, tome X, p. 367 : «  » M. le duc de Gramont met toute sa maison en grande affliction ici par la déclaration qui s’est faite de son mariage, sur quoi la nouvelle duchesse reçoit des visites, mais on ignore encore si elle aura droit au tabouret (Saint-Simon, même addition, dit que le Roi défendit qu'elle mit le pied dans Versailles et ne prît ni housse ni manteau ducal). Le comte de Gramont a dit au Roi que si le maréchal vivoit, il feroit mettre son fils à Saint-Lazare, que la comtesse et lui ne verroient point cette nouvelle nièce. M. le maréchal de Boufflers (gendre du duc de Gramont ) en dit autant. Le cardinal et [le] duc de Noailles n’ont point vu M. le duc de Gramont depuis son retour ; le duc et la duchesse de Guiche (fils et belle-fille du duc de Gramont, cette dernière fille du duc de Noailles : tome VIII, p. 30 et note 6) délogent de l’hôtel de Gramont. »
  3. 19. « Marcigni, petite ville .... au diocèse d’Autun, près de la Loire (au sud de Paray). La seigneurie de la ville appartient à la dame prieure régulière de Marcigni. Il y a dans cette maison quarante filles nobles, sans compter la dame prieure. La cure de la paroisse