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  • l506. -- DE COULANGES A LA MARQUISE

D'UXELLES.

A Tournus[1], samedi au soir, 1er août.

JE ne doute point que le fidèle M. Gallois[2] ne vous ait rendu compte de la diligence que je fis, il y eut précisément hier huit jours, pour avoir l'honneur de vous voir. Ainsi, Madame, vous n'avez point de reproches à me faire sur le secret de mon voyage, que j'avois dessein de vous communiquer, si j'eusse été assez heureux pour vous trouver chez vous ; mais les Dieux ne l'ayant point permis, je ne puis, ce me semble, mieux faire que de vous offrir mes services en ce pays-ci, et que de vous dire que je suis à la joie de mon cœur auprès d'un grand cardinal[3] auquel je voudrois bien donner des marques plus solides de la fidélité de mes sentiments sur tout ce qui le regarde, et de ma très-tendre amitié, si j'ose parler de la sorte, que de m`embarquer courageusement, comme j'ai fait, moi huitième, dans un carrosse de diligence, par une chaleur excessive une poudre insupportable et des cahots qui peuvent être de votre connoissance et qui mettent dans un mouvement fort éloigné encore d'apporter quelque rafraîchissement ; mais en vérité, Madame, me voici bien récompensé de toutes mes peines, et

  1. LETTRE 1506 (revue sur une ancienne copie). -- 1.. Chêf-liêu de canton de l'arrondissement de Mâcon, sur la Saône, entre Chalon et Mâcon. L'ancienne abbaye de bénédictins de Tournus était sécularisée et changée en église collégiale depuis 1627 ; à la tête du chapitre se trouvait un abbé, seigneur haut justicier de la ville, et cet abbé était alors le cardinal de Bouillon.
  2. 2. L’intendant de la marquise ? Voyez la fin de l’avant-dernier alinéa de la lettre suivante, p. 525. ll a été parlé d’un M. Galois plus haut, p. 314.
  3. 3. Le cardinal de Bouillon, alors disgracié : voyez plus haut, p. 461 et 462, note 5.