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si je ne savois avec quel sentiment de religion vous l'avez apprise , et avec quelle tristesse pourtant vous continuez à la ressentir. J’ai compris que le coup dont le Seigneur vous frappoit étoit rude et j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de le prier de vous soutenir par sa grâce. Quoique résidant depuis longtemps dans un évêché éloigné de vous, je n’ai pas oublié l'attachement que j'ai eu à une maison liée à la vôtre[1] , ni l`intérêt que je dois prendre à ce qui vous touche. J'aurais voulu pouvoir vous aller témoigner moi-même, avec Monsieur l'é vêque de Carcassonne, la part que je prenois à votre juste affliction. Je vous supplie, Monsieur, d'être persuadé que je n’y ai pas été moins sensible que ceux qui vous en ont écrit les premiers, et que personne n'est avec un plus sincère et plus respectueux attachement, Monsieur, votre très-humble, etc.

A Nimes, le 15è novembre I704,

    ainsi la mort du marquis de Grignan : « Je perdis un ami, avec qui j’avois été élevé, qui étoit un très-galant homme, et qui promettoit fort : c’étoit le fils unique du comte de Grignan et de cette Mme de Grignan si adorée dans les lettres de Mme de Sévigné sa mère, dont cette éternelle répétition est tout le défaut…. Il avoit un régiment, étoit brigadier, et sur le point d’avancer. Sa veuve, qui n’eut point d’enfants, étoit une sainte, mais la plus triste et la plus silencieuse que je vis jamais. Elle s’enferma dans sa maison, où elle passa le reste de sa vie, peut-être une vingtaine d’années, sans en sortir que pour aller à l’église, et sans voir qui que ce fût. » Saint-Simon dit au même endroit que le marquis de Grignan s’étoit fort distingué à l a bataille d’Hochstedt : voyez la Notice, p. 305.

  1. 3. La maison de Rambouillet, de Montausier ? Fléchier avait dû autrefois à la protection du duc de Montausier la place de lecteur du Dauphin, et c’cst lui qui prononça en 1672, dans l'église de l’abbaye d’Hières, l'oraison funèbre de la duchesse de Montausier : voyez tome IX, p. 409, note 15.